Pour me contacter :

any.allard@club-internet.fr

mercredi 11 novembre 2015

Feucherolles dans la tourmente de la première guerre mondiale : hommage aux morts de 14-18.


Juillet 1914, Feucherolles vit ses derniers jours de paix. Dans la chaleur de l’été chacun vaque à ses occupations tout en se tenant au courant par les journaux des inquiétantes nouvelles d’Europe centrale. La population est alors essentiellement rurale mais de nombreux hommes sont aussi employés dans la briqueterie des frères Euvé, Charles et Robert.
Beaucoup de Feucherollais sont d’origine bretonne, venant surtout des Côtes d’Armor, alors appelées Côtes du Nord. La pression démographique exercée sur les campagnes bretonnes, à l'époque très catholique, est énorme. Face à l'exiguïté des exploitations agricoles qui ne peuvent nourrir toutes les bouches, il est nécessaire pour certains de se résoudre au départ pour trouver un emploi. Ce départ est facilité par l’arrivée du chemin de fer qui conduit les Bretons vers la région parisienne dès le début des années 1870.
Mais le 1er août, c‘est la mobilisation générale : les hommes de 20 à 24 ans aptes au service militaire déjà sous les drapeaux sont rejoints par les hommes de la réserve (24 à 34 ans) et de l’armée territoriale (35 à 48 ans) qui reçoivent l’ordre d’aller garder les voies ferrées et autres points stratégiques.
Feucherolles est situé dans le camp retranché de Paris, système de défense de la capitale perfectionné depuis 1870, et sur une voie d’accès à Versailles.



Camp retranché de Paris : en rose, ses limites. F rouge: Feucherolles.


 Dès le début du mois d’août 1914, de nombreux soldats sont cantonnés dans les fermes du village, les officiers étant logés chez l’habitant. Ce cantonnement dans les fermes dure tout le long de la guerre comme en témoigne le récit d’un marin de Port en Bessin (Calvados), versé dans l’armée de terre qui, en 1915, est logé avec 3 de ses amis portais dans la ferme de Sainte Gemme où ils dorment dans le grenier à fourrage. Ils sont employés au terrassement pour améliorer les systèmes de défense (forts sur le plateau, tranchées vers la côte de la chapelle et au-dessus de la sablière près de la mairie) ou à l’exercice au canon.
Dès la déclaration de guerre l’état de siège est décrété. Il faut un sauf conduit pour se déplacer sur les routes et les entrées de la commune sont surveillées par des volontaires armés.
Dans le même temps les hommes mobilisés rejoignent leurs secteurs d’affectation. C’est le baptême du feu et les premiers habitants de Feucherolles morts au combat.
Sur 780 habitants que compte alors Feucherolles, 31 hommes du village sont « Morts pour la France ». Les plus jeunes ont 18 ans et ont tous les deux devancé l’appel sous les drapeaux, et le plus âgé a 44 ans. 

En cette année qui marque le centenaire de « 14-18 », nous nous devons de leur rendre hommage.

Eugène Adolphe PRUNIER.
Né le 6 août 1888 à Feucherolles, fils de Louis Eugène Prunier et d’Aimée Marie Merhet, il est charcutier.
Mobilisé le 3 août 1914 au 23ème régiment d’Infanterie Coloniale, il disparaît le 22 août 1914 à Neufchâteau en Lorraine belge, à l’âge de 26 ans. 

Le combat, connu sous le nom de « surprise de Neufchâteau » résulte de la rencontre presque à l'aveugle (brouillard matinal) entre les forces allemandes et les forces françaises. Ce jour-là 27 000 soldats français perdent la vie.

Eugène Prunier était châtain aux yeux bleus, mesurait 1m66 et avait un degré d’instruction de 3.[1

CLAREC Edouard Gustave :
Né le 5 août 1889 à Feucherolles, fils de François Clarec et de Constance Padel, journalier en 1909.
Incorporé le 3 août 1914 au 21ème régiment d’infanterie coloniale, parti sur le front le 7 août, il disparaît aussi le 22 août 1914 à Neufchâteau, en Lorraine belge.
Il avait les cheveux et les sourcils châtains, les yeux noirs, mesurait 1m59. Son degré d’instruction générale était de 3.

A la fin du mois d’août des combats violents opposent Français et Allemands près de Guise dans l’Aisne. Cette bataille d'arrêt permet aux troupes françaises de ralentir la progression des deux armées allemandes. Lucien Hiaux y perd la vie.

Lucien Joseph HIAUX.
Né le 28 juin 1893 à Feucherolles, fils de Pierre Victor Hiaux et de Marie Clémentine Damême, ouvrier agricole en 1913.
Incorporé le 28 novembre 1913 pour faire son service militaire, soldat de 2ème classe dans le 28ème régiment d’infanterie, mobilisé contre l’Allemagne le 2 août 1914, il disparaît le 28 août 1914 à Guise à 21 ans.
Il avait les cheveux et les yeux bruns, le front haut, le nez grand, les lèvres épaisses, le teint coloré. Il portait une tache naturelle au bras droit et mesurait 1m69. Son degré d’instruction était de 0.

Du 6 au 13 septembre c’est la bataille de la Marne. La ferme du Godat est un point stratégique très disputé, notamment pour le contrôle d’un pont sur le canal de l’Aisne à la Marne. Léon Marie est tué au combat.

Léon MARIE.
Né le 8 avril 1887 à Crespières, fils d’Emilien Marie et d’Adrienne Leroy, ouvrier agricole à Feucherolles depuis 1912.
Caporal au 274ème régiment d’infanterie, il est tué à l’ennemi le 15 septembre 1914 à la ferme du Godat près de Reims, pendant la bataille de la Marne à 27 ans.
C’était un homme d’1m62, châtain aux yeux marron. Son degré d’instruction était de 2.

L’avancée allemande vers Paris est stoppée. Les deux armées, face à face, vont tenter de se déborder accentuant les pertes de part et d’autre comme celles d’Albert Nogret, d’Adolphe Collon et Ernest Fouque. Les vendanges en Champagne se font alors sous les bombardements allemands.

Albert Léon NOGRET.
Né le 17 septembre 1886 à Feucherolles, fils d’Albert Victorien Nogret et de Jeanne Cacho, c’est un maçon.
Arrivé le 4 août 1914 au 4ème régiment de zouaves, il est blessé le 17 septembre 1914  à la tête et à la poitrine pendant une charge à la baïonnette près de Craonne dans l’Aisne. On n’a plus de traces de lui par la suite. Le Tribunal de Versailles le déclarera décédé le 17 septembre 1914 par jugement de juin 1920. Il avait tout juste 28 ans.
Albert Léon Nogret était châtain avec les yeux gris. Il avait le visage ovale et le menton rond. Il mesurait 1m65. Son degré d’instruction était de 3.

Adolphe COLLON.
Né le 16 mars 1892 à Feucherolles, fils de Paul Edmond Collon et de Marie Rose Meura, il est charcutier en 1912.
Incorporé le 9 octobre 1913 pour effectuer son service militaire, chasseur de 2ème classe, il passe dans le 16ème bataillon de chasseurs à pied le 24 janvier 1914. Engagé contre l’Allemagne le 2 août 1914, il meurt le 1er octobre 1914 à Epernay des suites de ses blessures à 22 ans.
Sa fiche matricule ne comporte pas de signalement.

Ernest André FOUQUE
Né le 17 juillet 1892 à Feucherolles, fils de François Fouque et de Sylvie Flore Rochard, cultivateur en 1912.
Incorporé le 8 octobre 1913 pour son service militaire, soldat de 2ème classe, mobilisé contre l’Allemagne le 2 août 1914, il meurt le 8 octobre 1914 à l’Hôtel Dieu de Paris des suites de blessures de guerre à 22 ans.
Ernest André Fouque avait les cheveux blonds, les yeux gris bleu, les lèvres minces, la bouche petite, le menton saillant, le nez rectiligne et le visage rond. Il mesurait 1m70. Son degré d’instruction générale était de 2.

Mais toutes les tentatives de débordement trouvent prête la riposte adverse et l’acharnement devient extrême : c’est la bataille de l’Yser et d’Ypres. Louis Domalain tombe sur le champ de bataille.

Louis Marie DOMALAIN.
Né le 4 avril 1878 à Cohiniac dans les Côte d’Armor, fils de Pierre Domalain et de Marie Yvonne Hillion, laboureur à St Danan, puis briquetier chez Euvé à Feucherolles où il s’installe en 1904 après y avoir fait quelques séjours depuis 1901.
Mobilisé le 4 août 1914, il est tué à l’ennemi le 16 novembre 1914 à 36 ans, à Langemark pendant cette bataille des Flandres.
Louis Marie Domalain était brun aux yeux roux. Il mesurait 1m56, avec un degré d’instruction de 0.

Le lendemain de sa mort, Falkenhayn donne l’ordre de cesser l’offensive. Les deux armées sont face à face de la mer à la Suisse et s’enterrent dans des tranchées. Les attaques de tranchées à tranchées sont de terribles épreuves qui vont encore voir périr de nombreux soldats feucherollais.
 
Eugène Charles RAULT.
Né le 10 janvier 1877 à Feucherolles fils de Louis Marie Rault et d’Anne Marie Richomme, manouvrier.
Incorporé dans l’infanterie le 3 août 1914, il meurt le 2 décembre 1914 à Etinchem en Picardie, des suites de blessures, à 37 ans.
Il était châtain aux yeux gris, au menton rond dans un visage ovale. Il mesurait 1m57 et son degré d’instruction était de 3.

Auguste Emile LIEGE.
Né le 14 mai 1892 à Bernay dans l’Eure, fils de Marie Liège et de père inconnu, en 1914 il est briquetier chez Euvé.
Incorporé le 2 août 1914, il est tué par balle le 14 décembre 1914 à son poste de combat aux Jumelles d’Ormes dans la forêt domaniale de Verdun.
Il est décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze et de la médaille militaire pour avoir toujours eu une belle conduite au feu.
Auguste Emile Liège était châtain aux yeux gris. Il avait une cicatrice sur le côté droit du menton et une fossette. Il mesurait 1m62 et avait un degré d’instruction de 2.

André Louis LAVAULT.
Né à Feucherolles le 6 octobre 1896, fils de Marie Louis Lavault et de Marie Fanny Villot.
2ème classe du 6ème bataillon de chasseurs  à pied, il est tué à l’ennemi le 27 décembre 1914 au bois de Berthonval, au nord d’Arras dans le Pas de Calais à l’âge de 18 ans.
Il avait retrouvé dans son régiment un ami du même âge, Raymond Meuro, habitant aussi Feucherolles. Tous deux avaient devancé l’appel.

Raymond MEURO.
Né à Davron le 8 juillet 1896. (NB. Date mentionnée sur la feuille remplie par le corps d’armée tandis que l’acte de transcription de décès sur les registres de Feucherolles indique 1894. De plus, il n’y a aucune mention d’un Meuro Raymond à Chavenay.)
2ème classe dans le 6ème bataillon de chasseurs à pied, il est tué à l’ennemi dans le bois de Berthonval (Pas de Calais), le 27 décembre 1914 à 18 ans.

Anatole Edmond SOLAIRE.
Né le 3 juillet 1888 à Feucherolles fils de Jules Solaire et de Mathilde Mélanie Ollivon, journalier.
Incorporé le 1er octobre 1911 affecté au 22ème régiment d’artillerie stationné à Versailles, il est condamné le 15 juin 1912 à trois mois de prison pour coups et blessures. Passé en mars 1914 au 3ème régiment d’artillerie coloniale, il part le 29 novembre 1914 pour l’artillerie de la division marocaine comme canonnier servant, et est tué à l’ennemi le 24 septembre 1915, à 27 ans, à Souain dans la Marne.
Anatole Edmond Solaire était brun aux yeux marron. Il avait un menton rond dans un visage ovale. Il mesurait 1m68. Son niveau d’instruction était de 2.

Gustave LAPIERRE.
Né le 23 juillet 1883 à Parcoul en Dordogne, fils de Hyppolite Lapierre et de Marie Godineau. Il est boulanger au moment de son incorporation.
2ème classe dans l’infanterie coloniale, il meurt le 25 septembre 1915 à Massiges dans la Marne à 32 ans.
 
La main de Massiges est un des hauts lieux des combats de Champagne; on estime  à 25 000 le nombre de soldats français tués, blessés ou disparus, et certainement autant de soldats allemands dans cette région. C’est là que disparaît aussi Narcisse Raoul, trois jours plus tard.

Narcisse RAOUL.
Né le 27 septembre 1895 à Feucherolles fils d’Ernest Eugène Raoul et de Louise Victoria Dujardin, maçon.
Incorporé le 19 décembre 1914, soldat de 2ème classe dans l’infanterie coloniale, il meurt des suites de ses blessures le 28 septembre 1915 à Virginy en contre bas  de la main de Massiges dans la Marne à 20 ans.
Narcisse Raoul était brun aux yeux gris. Il avait un visage rond et une bouche petite aux lèvres épaisses. Il mesurait 1m63. Son degré d’instruction était de 3.

Jean Henri ZIMMERMANN.
Né le 11 mai 1883 dans le 10ème arrondissement de Paris, rue de Maubeuge, fils de Célestine Zimmermann, domestique, il habite à Feucherolles au moment de son départ à la guerre et est marié à Adrienne Cazier.
Incorporé dans le 405ème régiment d’infanterie, il disparaît au combat le 28 septembre 1915 à Neuville St Vaast dans le Pas de Calais.

Marie Louis LAVAULT.
Né le 30 août 1887 à Dammartin dans la Nièvre, fils de Claude Lavault et de Marie Raneuré, cultivateur, résidant à Feucherolles en 1914.
Caporal rappelé à l’activité dans l’Infanterie le 3 août 1914, il est blessé à la face par une balle le 2 février 1915 à Cambrin dans le Pas de Calais.
Cité à l’Ordre de la Division n° 112 en date du 10 octobre 1915 pour le motif suivant : « S’est offert volontairement à plusieurs reprises pour aller reconnaitre les passages dans les réseaux de fils de fer ennemis et a toujours rapporté des renseignements très précieux. », il est décoré de la Croix de Guerre avec étoile d’argent.
Il est tué pendant les assauts en Champagne à Mourmelon le Grand le 13 octobre 1915 à 28 ans.
Marie Louis Lavault avait les cheveux et les sourcils châtains, les yeux gris-bleu, le menton lourd et le visage ovale. Il mesurait 1m60. Son degré d’instruction générale était de 3.

Jean Marie THEFFO.
Né le 15 juin 1872 à Boqueho dans les Côtes d’Armor, fils naturel de Marie Françoise Theffo., laboureur à Boqueho en 1894, charretier à la briqueterie Euvé et Bataille à Feucherolles en 1906, où il est arrivé en 1903.
Condamné le 21 janvier 1892 pour vagabondage et « filouterie » d’aliments à un mois de prison, déclaré insoumis le 19 janvier 1894, il est de nouveau condamné, cette fois à 3 mois de prison.
Mobilisé le 2 août 1914 dans l’infanterie il meurt des suites de ses blessures, le 7 mars 1916 à l’hôpital de Revigny dans la Meuse, à 44 ans.
Jean Marie Theffo était châtain, aux yeux bruns avec un nez fort et une grande bouche dans un visage ovale. Il mesurait 1m57, n’avait aucune instruction générale mais était bien exercé dans l’instruction militaire. En 1911 il était sapeur-pompier à Feucherolles.

Yves Marie Pascal DANO.
Né le 29 septembre 1876 à Boqueho, dans les Côtes d’Armor, fils de Charles Dano et de Constance Allée. Installé à Feucherolles en 1912 après y avoir fait de brefs séjours auparavant, il est briquetier chez Euvé.
Incorporé dans l’infanterie le 4 août 1914, il meurt de maladie contractée au front, le 27 juillet 1916 à l’hôpital de Narbonne à 40 ans.
Yves Marie Dano était châtain aux yeux bleus. Il mesurait 1m62. Son degré d’instruction était de 3.

 Victor HERVE.
Né à Pommerit le Vicomte dans les Côtes d’Armor le 2 octobre 1887, fils de Jean Hervé et de Jeanne Briaud, cultivateur en 1907.
Mobilisé dans le 43ème régiment de l’Infanterie coloniale, il meurt des suites de ses blessures à l’hôpital de Montereau-Fault-Yonne, le 31 août 1916, à 29 ans à peine.
Un fils lui était né en janvier 1915, tandis qu’il se battait au front.

 Théophile Marie CRENO.
Né le 7 février 1887 à Magoar dans les Côtes d’Armor, fils de Jean Creno et de Margueritte Flohic.
Soldat de 2ème classe évacué du front le 15 juin 1915 pour pleurésie, il est soigné en Charente maritime jusqu’en septembre 1915, proposé à la réforme pour tuberculose pulmonaire (nombreux bacilles de Koch dans les crachats, amaigrissement prononcé.)
Il meurt le 3 septembre 1916 à Feucherolles à l’âge de 29 ans.

Au mois de février 1916 a débuté la bataille de Verdun. C’est sur l’un de ces champs de bataille, où l’on se bat de trou d’obus à trous d’obus, qu’est blessé Yves Marie Brajeul. Louvemont Côte du Poivre est l'un des neuf villages français détruits durant la Première Guerre mondiale qui n'a jamais été reconstruit. Déclaré « village mort pour la France » à la fin des hostilités, il fut décidé de conserver cette commune en mémoire des évènements qui s'y déroulèrent.

 Yves Marie BRAJEUL.
Né le 1er février 1880 à Trévé dans Côtes d’Armor, fils de Jean François Brajeul et de Marie Joseph Lainé, cultivateur en 1900.
Mobilisé au 47ème régiment d’infanterie, arrivé au corps d’armée le 20 août 1914, parti en campagne le 13 octobre 1914, évacué le 11 juin 1915, rentré au dépôt le 30 juin 1915, reparti en renfort le 9 octobre 1915, il est finalement blessé à la Cote du Poivre sous Verdun le 22 décembre 1916. Il meurt le lendemain dans l’ambulance à l’âge de 36 ans.
Yves Marie Brajeul était châtain aux yeux roux. Il mesurait 1m59. Son degré d’instruction était de 0.

François Marie POISNEUF.
Né le 5 mars 1881 à Ploërmel dans le Morbihan, fils de Mathurin Poisneuf et de Marie Guyot, domicilié à Feucherolles.
Canonnier au 113ème régiment d’artillerie lourde, il est tué sur la route de Dury à Aubigny-aux-Kaisnes en Picardie, le 26 juin 1917. Il est inhumé à Aubigny. Il avait 26 ans.

Henri Emile CHAMBRIN.
Né le 13 avril 1895 à Feucherolles, fils d’Yves Marie Louis Chambrin et d’Aimée Virginie Tremblay, habitant à Ste Gemme, maçon en 1915.
Incorporé le 19 décembre 1914, zouave de 2ème classe, passé le 30 novembre 1915 au 1er régiment de zouaves. Blessé au pied par un éclat d’obus le 18 mai 1816, il est tué à l’ennemi le 18 août 1917 au Mont-Haut dans la Marne. Il avait 22 ans.

La bataille des Monts de Champagne a lieu à l'est de Reims, entre Prunay et Aubérive, le long du massif de Moronvilliers qui comprend sept plateaux, d'ouest en est : le Mont Cornillet (206 m), le Mont-Blond (211 m), le Mont-Haut (257 m), le mont Perthuis (232 m), le Mont Casque (246 m), le mont Téton (237 m) et le Mont-Sans-Nom (210 m). 

Henri Emile Chambrin avait les yeux bleus, les cheveux châtains, le front haut et le nez rectiligne, le visage ovale. Il mesurait 1m72. Son degré d’instruction  était de 3.



Emile Charles LEROY.
Né le 7 décembre 1887 à Feucherolles fils d’Emile Gustave Leroy et d’Ernestine Poissait, maçon, il épouse Marie Eugénie Lemaingre.
Parti aux armées le 7 août 1914 dans le 3ème régiment du génie, blessé le 23 mai 1916 à la cuisse par des éclats d’obus, à Fleury sur Aire (Meuse), évacué le 25 juin, il rentre au dépôt le 6 septembre 1916. Evacué le 3 septembre 1917 à Montzéville dans la Meuse pour blessure par balle de Schrapnell[1] au thorax, il meurt le 6 septembre 1917 à l’hôpital d’évacuation de Froidos (Meuse). Il est inhumé au cimetière de Froidos.
 Il allait avoir 30 ans. Il n’a pas connu sa fille Leone, née pendant qu’il était au front, comme nous l’apprend une lettre adressée par un de ses compagnons de combat à sa veuve : « … La naissance de votre petite Léone nous trouva au réduit de Chenay, ce fut l’occasion de nous prouver notre amitié, nous avons autant que nous pouvions le faire organiser une petite fête où la pauvre enfant, désormais sans père, fut joyeusement fêtée. »
Emile Charles Leroy avait les cheveux et les sourcils blonds, les yeux bleus, le visage ovale. Il mesurait 1m69. Son degré d’instruction générale était de 3.  
La médaille militaire lui est accordée de façon posthume.


[1]  Un Schrapnell est un type d’obus chargé de balles qui sont projetées à l’explosion.

Mathurin Marie PAULET.
Né le 13 août 1887 à St Uniac en Ille et Vilaine, fils de Mathurin Paulet et de Jehanne Marie Martin, il s’installe à Feucherolles en octobre 1910 comme forgeron.
Sapeur au 6ème génie, mobilisé le 2 août 1914, parti rejoindre l’armée le 7 août 1914, il disparaît le 8 septembre 1915. On le retrouve prisonnier à Longwy, mais il meurt le 4 février 1918 à Francfort sur le Mein en Allemagne des suites d’une péritonite consécutive à une appendicite, survenue pendant les combats. Il avait 31 ans.

Au printemps 1918 les Allemands ont repris l’offensive entre la Scarpe et l’Oise. Les combats sont violents dans les environs de Lassigny déjà largement fortifiés par les Allemands pendant les campagnes de 1914. Le 30 mars, ils s’élancent à l’assaut de Plessier-de-Roye et du Plémont. De violents assauts se produisent dans le parc du château et sur les pentes de la butte. C’est ce jour-là que Georges Moret est tué.

Georges Alfred MORET.
Né le 7 juin 1897 à Davron fils d’Edouard Julien Moret et de Stéphanie Jego, charcutier.
Incorporé le 11 janvier 1916 dans l’infanterie, cité à l’Ordre de son régiment pour s’être vaillamment comporté le 3 mars 1917 dans l’exécution d’un coup de main auquel il prenait part comme volontaire, il est mort pour la France le 30 mars 1918 sur le champ de bataille de la commune de Lassigny dans l’Oise au Plémont, à 21 ans.
"Brave soldat assailli par un fort groupe ennemi et sommé de se rendre, a répondu à coups de grenades préférant se faire tuer sur place plutôt que de se rendre. Tombé glorieusement pour la France. Croix de guerre avec palmes et étoile de bronze. »

Entre le 15 juillet et le 16 juillet 1918, les troupes allemandes franchissent la Marne et parviennent à établir une tête de pont sur la rive sud, menaçant directement la route de Paris. Les troupes franco-américaines de l’armée Degoutte parviennent à contenir l’avancée allemande, et à stopper celle-ci devant le bois de Breuil, situé au sud de la Chapelle Monthodon. Ces combats seront fatals à Paul Laurent et à Eugène Simon.

 Paul Telesphore LAURENT.
Né le 13 octobre 1894 à Paris 13ème arrondissement, fils d’Anastase Telesphore Laurent et de Marthe Margueritte Cougny, mécanicien en 1914 à Feucherolles.
Incorporé le 3 septembre 1914 puis détaché de son corps au titre de la Société d’Eclairage Electrique après juillet 1915, passé successivement au 2ème régiment de Cuirassiers, au 144ème régiment d’Infanterie et au 215ème régiment d’Artillerie où il est canonnier, il est tué à l’ennemi le 15 juillet 1918 à la Chapelle Monthodon dans l’Aisne, à 24 ans.
Paul Telesphore Laurent avait les chevaux châtains, les yeux bleus, le front large et le nez rectiligne, le visage large avec une bouche petite, des lèvres minces et un menton à fossette. Il mesurait 1m73. Son degré d’instruction était de 2.

Eugène Marie SIMON.
Né le 17 octobre 1884 à Plouagat, Eugène Simon était cultivateur chez son beau frère, Jules Garçon, à Feucherolles en 1911. 
Il part avec le 41ème régiment d'Infanterie le 8 août 1914 puis passe au 43ème en 1917. Il meurt des suites de ses blessures le 25 juillet 1918, dans l'ambulance où il était soigné. Son décès n'est pas transcrit dans le registre d'Etat Civil de Feucherolles mais dans celui de Plouagat. 

L’armistice signé le 11 novembre 1918 n’arrête pas le décompte fatal. Des soldats meurent encore des suites de blessures survenues au front. Ils sont toujours « Mort pour la France ». C’est le cas pour Feucherolles de Victor Marie Hillion.

Victor Marie HILLION.
Né le 14 août 1880 à Boqueho dans les Côtes d’Armor, fils de Jean Mathurin Hillion et de Françoise Prido, employé chez Euvé en 1913.
Mobilisé en août 1914 dans l’artillerie, il est blessé par un éclat d’obus à la tête le 20 octobre 1915, dans les combats en Argonne. Reparti au front, il est réformé en septembre 1917 pour « tuberculose pulmonaire, suite de fatigue de guerre » et meurt à l’hôpital de Bligny le 25 juillet 1919. Il ne faut pas oublier l’usage massif des gaz dans les tranchées, fatal pour beaucoup de soldats.

Plaque apposée sur la façade est de l'église avant sa rénovation.

Il reste le nom d'Emile Henri Ménager inscrit sur le monument aux morts de Feucherolles pour lequel il n’y a aucune trace dans les actes d’Etat civil de la commune. L'acte recensé à ce nom là au ministère des armées, ne permet pas de l'attribuer avec certitude à un habitant de Feucherolles et Emile Ménager n'apparaît pas dans le recensement de 1911.
 
Au contraire, trois hommes de Feucherolles et dont l’acte de décès dans les registres d’Etat civil porte la mention « Mort pour la France » n’apparaissent pas sur le monument : Jean François AUFFRAY,  Augustin CONNEN et Adrien Marie PAULET, frère de Mathurin Marie PAULET qui, lui, apparaît sur le monument. 


La décision de faire un monument aux morts pour la Patrie est prise dès la réunion du conseil municipal du 8 décembre 1918, et une souscription est ouverte pour en financer la réalisation en juillet 1919. En revanche, les registres de la commune ne mentionnent pas la date à laquelle la plaque a été posée.

Mais, même si le Maire a été prévenu plus tard de la mort de ces trois hommes, il est difficile de comprendre pourquoi ils ne sont pas mentionnés comme disparus.
Il faut aussi leur rendre hommage.
Pendant ces quatre années de conflit, les réunions du conseil municipal sont rares.
Le 22 décembre 1915 il est fait mention de la vente de peupliers abattus rue de l’étang, par l’autorité militaire comme faisant obstacle à la ligne de tir de l’artillerie. Deux canons avaient en effet été installés dans la prairie aujourd’hui occupée par le domaine de l’Abbaye, deux pièces d’artillerie lourde dirigées vers le sud ouest. La stratégie a ses raisons.
Le 4 mars 1917 le conseil vote une subvention de 50 francs pour venir en aide aux formations sanitaires russes. Alliés des Français et des Anglais, les Russes, mal équipés, ont en effet payé un lourd tribut à cette guerre mais la Révolution couve.
Au mois du juin, c’est une subvention de 100 francs qui est votée pour les mutilés de guerre.
En février 1918, la pénurie s’étant accrue des cartes de rationnement pour le pain sont distribuées à Feucherolles : 300 grammes par personne.
Enfin le 8 décembre 1918, le conseil municipal rend hommage aux vainqueurs et accorde un crédit de 1000 francs et l’ouverture d’une souscription publique pour l’édification d’un monument aux morts. Une plaque est aussi apposée dans l’église en l’honneur de ces hommes « Morts pour la France. »
                                                                                                                                                                           
Any Allard, octobre 2014.
Sources :
Registres d’Etat civil des archives des Côtes d’Armor, du Morbihan, du Loiret, de la Dordogne, des Yvelines.
Recensements de population de Feucherolles 1911.
Registres d’incorporation militaire des bureaux de St Brieuc, Guingamp, Rennes, Périgueux, Versailles.
Ministère des armées, Mémoire des hommes, dossiers individuels des mobilisés.
Feucherolles Ste Gemme, 2000 ans d’Histoire, Any Allard et Henri Euvé, mairie de Feucherolles.
Le Pilote de Port en Bessin, 1912-1921.



Annexes :
Témoignage pour mieux comprendre : Cacher la mort pour faire tenir l’arrière :

La mort d’Emile Leroy.( Emile Leroy est le grand père de Michel Marette.)

Le récit est fait par Louis Bouchet, curé de la Ville du Bois qui avait connu Emile dix ans auparavant.
Le début de la lettre qu’il écrit à la veuve d’Emile permet de comprendre combien le gouvernement avait mis en place le bourrage de crânes et la censure pour ne pas affoler l’Arrière avec les mauvaises nouvelles du Front.

                « Madame,
Permettez-moi de vous adresser les condoléances que j’ai tant regretté de ne pouvoir vous envoyer plus tôt. Ayant vu comment, à leur grand regret, les Majors devaient laisser sans réponse les demandes de renseignements sur leurs blessés décédés, j’ai pris au sérieux, surtout après avoir consulté un de nos officiers, l’interdiction faite au personnel de santé d’annoncer le décès de leurs malades. Et puis j’ai quitté si subitement Froidos pour aller aux Brancardiers ! Et surtout j’ai été déçu d’apprendre par vous-même le décès de Monsieur le curé de Davron à qui j’aurai confidentiellement annoncé la triste nouvelle. Comme Emile n’avait pas été soigné dans son ambulance, il aurait pu vous écrire la nouvelle sans dire comment il l’avait apprise.
Je comprends combien il devait être pénible pour vous de n’avoir aucune nouvelle. Mon Père me l’a écrit. Mon Beau-Frère m’a écrit aussi après avoir vu mon Père. J’ai écrit, à Madame Langellé mon changement d’adresse sans rien lui faire connaître, espérant qu’elle me répondrait que Monsieur le Maire avait reçu l’annonce officielle : mais non ! cela aurait été trop rapide pour notre Administration !
J’ai beaucoup prié pour lui et célébré une messe le 9 spécialement à son intention et à celle des siens demeurés dans l’angoisse….
L’aumônier d’alors a quitté Froidos en même temps que moi, et est aussi aux brancardiers. Je ne connais pas son successeur. 
Voici les détails du passage d’Emile à Froidos aucun n’a lieu de vous être caché.J’étais de service à l’arrivée des blessés à l’ambulance chirurgicale automobile n° 17, adjointe à l’HOE (hôpital d’évacuation) de Froidos pour la durée de l’offensive de la cote 304, et comportant 250 lits. 
Ma fonction était de déshabiller les blessés arrivant avec un simple pansement sommaire du poste de secours, et de les nettoyer pour les préparer à passer à la salle d’opérations.
Le lundi 3 septembre étant seul de service avec un secrétaire qui prenait ses renseignements pendant que j’accomplissais mes fonctions, j’entends le nom de Feucherolles. Le nom de Leroy assez répandu ne m’avait rien dit. Comme je porte la barbe et comme Emile avait presque 30 ans, alors que je l’avais connu à 20, nous ne nous étions pas reconnus. Mais la reconnaissance fut vite faite, très vite, car je ne voulais pas ralentir mon travail de préparation pour son passage entre les mains du chirurgien. Personne n’étant encore passé à la salle d’opération ce soir-là, l’un des étudiants aide chirurgien vint voir s’il y avait des entrants, et entendant parler de Feucherolles nous dit qu’il était de Marly.
Je demandai à Emile s’il était marié, s’il avait une petite famille. Il me répondait très librement ne paraissant pas trop gêné par sa blessure, sauf qu’il eut envie de vomir, et me dit alors qu’ayant été blessé aussitôt après avoir mangé, il avait déjà rejeté une partie de son repas. 
Sa fiche d’entrée portait : « Blessé le 3 septembre à 19 heures à Montzéville. » Sur le carnet des entrées le secrétaire ajouta : »Relevé et pansé de suite ». De fait il était à Froidos moins de 3 heures après avoir été frappé : exactement à 21 h 45 .
Suivant mes fonctions, je fouillai toutes ses poches et je mis dans un sac tous ses objets personnels. La musette dont vous parlait son camarade de régiment ne l’avait pas suivi. Elle avait été oubliée dans l’auto sanitaire. Mais 36 heures après elle fut apportée au bureau de l’ambulance de la part du chauffeur de l’auto. Comme j’étais encore de service, je m’en emparai et allai tout de suite la lui porter à son lit. A ce moment-là il me réclama son dentier, qu’on lui avait ôté sur la table d’opérations. Je signalai ce dentier à l’étudiant de Marly, et il fut retrouvé. 
L’ambulance chirurgicale automobile (que l’on appelle communément Autochir) fonctionnant jour et nuit sans aucun arrêt, Emile passa de suite à la radio et, de là, immédiatement à la salle d’opération. Le médecin qui l’opéra était un des meilleurs chirurgiens de l’Autochir : Mr Régnier. 
Pendant qu’il était sur la table d’opérations, un taube nous survola, et l’électricité fut éteinte. 
Les Autochirs ayant une voiture d’éclairage et de rayons X, la lumière fut instantanément rétablie par cette voiture dans les salles du service de chirurgie. Le taube lâcha quelques bombes aux abords de l’HOE (hôpital d’évacuation), mais ne nous bombarda pas. 
L’après-midi de ce jeudi 6, lorsque j’entrai dans sa salle (et je vois encore sa place : salle 3, lit 29) je trouvai le lit vide. Je ne pouvais penser à une issue fatale, tant je m’illusionnais jusque-là. Je le cherchais sur les lits voisins. Mais un autre blessé me dit aussitôt : « On vient de l’emporter ! Ce pauvre garçon ! Il ne s’est pas plus plaint à ses derniers moments que les jours précédents ! » Ses voisins de lit me dirent toute leur sympathie pour lui. 
 Il s’était éteint sans bruit.
 Son voisin d’en face me dit qu’il ne l’avait vu changer de physionomie et encore si peu ! qu’une demie heure avant sa mort. L’infirmier de salle avait noté l’heure de sa mort : 14 h15. 
  Son corps ne fut pas autopsié. 
 Le lendemain, vendredi 7, son inhumation eut lieu à 14 heures. Son cercueil fut amené dans la chapelle de l’HOE recouvert du drap tricolore et il fut inhumé dans le cimetière de l’HOE. A quelques pas de la salle où il avait rendu le dernier soupir.
 Je lui avais donné l’absolution la nuit de son arrivée dans la salle de réchauffement.
 L’aumônier, prêtre savoisien, qui passait tous les jours dans les salles, adressait un mot à tous. J’ai tout lieu de croire que le sacrifice de sa vie, que Emile a fait si simplement, sans un mot de plaintes, a dû lui ouvrir toutes grandes les portes du
Son cercueil porte le numéro 72. Pour vous montrer les précautions prises pour identifier les restes de nos soldats, je vous envoie le dessin, grandeur naturelle, de la plaque de plomb perforée, clouée sur le couvercle du cercueil.
Les affaires personnelles d’Emile, à l’exclusion des vêtements et équipements militaires, vous parviendront un jour peut-être lointain, sans que vous ayez aucune démarche à faire.
Montzéville, où il a été blessé, est à 10 ou 12 km à l’ouest de Verdun, et environ 4 km au sud de la cote 304, entre Avaucourt et le Bois Bourru.
Je suis, Madame, à votre disposition pour tous autres renseignements que vous désireriez : cependant je crois vous avoir dit tout ce que je puis savoir.
En terminant je vous renouvelle, ainsi qu’à votre mère, et à toute la famille, mes plus sincères condoléances, avec l’assurance de mes prières pour votre cher défunt, et pour ceux qu’il laisse dans le deuil, surtout sa chère petite fille.
                               Votre respectueusement dévoué
                                               Ls Bouchet


[1] 0 : ne sait ni lire ni écrire, 1 : sait lire, 2 : sait lire et écrire, 3 : possède une instruction primaire plus développée

[2]  Un Schrapnell est un type d’obus chargé de balles qui sont projetées à l’explosion.

Aucun commentaire:

Membres