Une population de pêcheurs dans une valleuse dominée par deux falaises : au nord, une mer impétueuse, à l’ouest, la falaise de Huppain, à l’est celle du Castel et à partir du XVI° siècle, deux larges bassins en enfilade au pied de la falaise d’amont.
Une occupation progressive de la falaise du Castel.
Les premiers plans de Port en Bessin levés au XVIIème siècle présentent un habitat groupé au pied de la falaise de Huppain, sur la rive gauche du bassin construit à l’initiative des évêques de Bayeux, tandis que la falaise d’amont semble avoir d’abord eu vocation à être un lieu de surveillance : surveillance de l’ennemi venu de la mer (camp romain et tour Vauban) et venu de la terre (forteresse médiévale construite au bord du versant sud de la falaise).
Cependant les maisons se trouvant peu à peu concentrées dans un espace trop restreint, il devient urgent d’occuper la partie est de la valleuse : la population étant principalement composée de pêcheurs, construire en montant le Castel est préférable à une occupation vers le sud qui aurait pour conséquence un éloignement de la côte.
Les bassins construits au XVème siècle à l’initiative des évêques de Bayeux ont été comblés par le sable et les galets. L’endroit est devenu marécageux si l’on en croit la description faite par le chanoine Nicolas Renaud dans ses Mémoires pour servir à l’histoire de la ville et diocèse de Bayeux : « …(le) bassin faute d’entretien s’est rempli de gros sable… en sorte que depuis très longtemps… l’emplacement de ce bassin forme une sorte de marécage fangeux. »
Il est possible que le nom de Pollet donné à ce quartier tire son origine de cette situation : soit le mot vient du saxon « pool » qui signifie « marécage, ruisseau bourbeux », ce qui caractérise sans conteste cet endroit ; soit le terme Pollet serait issu du vieux norrois, (langue scandinave) « pollr » qui signifie « trou d'eau, bassin, anse arrondie », suivi du suffixe diminutif « –et ». De toutes façons la signification est la même et tend donc à prouver que ce quartier tire son nom de l’état de l’ancien bassin sur les bords duquel il s’élève et qui apparaît sous le vocable « les vases »sur les plans anciens.
Lorsque Nicolas Antoine dresse en 1761 le « Dessin géométrique des villages de Port en Bessin et de Commes »,il y a déjà une maison à gauche du chemin de ronde près de la tour Vauban, de la batterie, et du corps de garde, et un ensemble bâti plus vaste à droite du dit-chemin.
C’est dans cet ensemble bâti au pied de la falaise que le héros du livre « Le Val de Commes » (1), Georges de Ménars, doit passer la nuit lorsqu’il arrive à Port un soir de septembre 1848 : en effet, le bâtiment acheté en 1835 par Octave Guillot, maire de Sully, est devenu l’hôtel de l’Etoile du Nord qui accueille la haute société de Bayeux et des environs pour la saison des bains de mer. La construction du port vient d’être interrompue par la Révolution de février et les chambres du côté nord de l’hôtel ouvrent encore directement sur la mer. De la fenêtre de sa chambre Mr de Ménars aperçoit à la nuit « des femmes et de jeunes mousses armés de falots, (qui) s’agitaient au pied des flots, poussant des cris vers la haute mer, élevant leurs lanternes comme s’ils eussent voulu se faire reconnaître. A ces cris des voix mâles répondaient, paraissant sortir des vagues… (C’était) une flottille de quinze à vingt bateaux de pêche les voiles carguées et sur leur ancre, d’où se détachent des barques montées par un seul homme… Les hommes apportent le poisson pêché et aussitôt les poissonniers qui attendaient dans les bars voisins se précipitent pour acheter aux enchères le poisson étalé sur le rivage. » (2)
C’est dans cet ensemble bâti au pied de la falaise que le héros du livre « Le Val de Commes » (1), Georges de Ménars, doit passer la nuit lorsqu’il arrive à Port un soir de septembre 1848 : en effet, le bâtiment acheté en 1835 par Octave Guillot, maire de Sully, est devenu l’hôtel de l’Etoile du Nord qui accueille la haute société de Bayeux et des environs pour la saison des bains de mer. La construction du port vient d’être interrompue par la Révolution de février et les chambres du côté nord de l’hôtel ouvrent encore directement sur la mer. De la fenêtre de sa chambre Mr de Ménars aperçoit à la nuit « des femmes et de jeunes mousses armés de falots, (qui) s’agitaient au pied des flots, poussant des cris vers la haute mer, élevant leurs lanternes comme s’ils eussent voulu se faire reconnaître. A ces cris des voix mâles répondaient, paraissant sortir des vagues… (C’était) une flottille de quinze à vingt bateaux de pêche les voiles carguées et sur leur ancre, d’où se détachent des barques montées par un seul homme… Les hommes apportent le poisson pêché et aussitôt les poissonniers qui attendaient dans les bars voisins se précipitent pour acheter aux enchères le poisson étalé sur le rivage. » (2)
Pas encore de bassins, pas encore de jetées, les habitations donnent directement sur la plage balayée par les flots lors des grandes marées ou des forts coups de vent de nord-est.
Les constructions vont dès lors se multiplier, d’abord lentement, puis plus rapidement comme le montre les recensements de population. En 1851 on compte 9 maisons pour 12 ménages soit 32 habitants, puis 20 maisons en 1866 pour 26 ménages soit 86 habitants : les familles toujours plus nombreuses s’entassent dans quelques logements. Les lithographies de Maugendre au début des années 1860 montrent que les maisons ont été construites derrière et de chaque côté de l’hôtel de l’Etoile du Nord (vaste bâtiment en blanc).
La falaise est beaucoup plus avancée dans la mer qu’aujourd’hui où l’érosion a continué son travail de sape : la tour Vauban est beaucoup plus éloignée du bord de la falaise. On peut même constater que deux toutes petites maisons ont été construites tout près de la tour, à gauche du chemin, en équilibre sur la pente de la falaise. La plus proche de la tour Vauban appartient à Michel Duval qui acquiert la parcelle en 1861. Constructions éphémères, elles ont disparu sur les photos datées de 1885.
Cette concentration de population va encore s’accentuer au fil des années : en effet, tandis que le nombre de constructions augmente peu, la pente du terrain n’étant pas toujours propice à l’installation, le nombre de familles est presque multiplié par 2 en cinquante ans (1866 : 26 ménages ; 1906 : 44 ménages) portant la population de 86 personnes à 170.
Les maisons grimpent le long de la falaise, face à la tour Vauban et s’étirent vers Commes avant que la pente ne devienne trop raide. A partir de 1856, date à laquelle les travaux reprennent pour creuser les bassins, le quartier est coupé du reste du village jusqu’à l’installation d’une passerelle sur la passe en 1880.
Cependant au moment de la discussion pour l’installation de borne-fontaine dans le village le 10 mai 1882, il apparaît que, du fait dudit bassin, aucune canalisation ne pourra parvenir au Pollet ce dont se plaignent les habitants qui demandent le creusement d’un puits qui serait équipé d’une pompe. Le conseil municipal décide que le puits sera creusé le long du mur de clôture des héritiers Delamare qui habitent depuis plusieurs générations la première maison à droite en montant vers la tour Vauban, et possèdent les deux parcelles de jardin attenantes.
Cependant c’est finalement une canalisation qui est construite dans la traversée du chenal pour alimenter une borne fontaine installée au Pollet. Installation éphémère donnant raison aux délibérations de 1882 : en février 1899, la canalisation est crevée et irréparable vu la quantité d’eau qui demeure dans le chenal même à marée basse.
De nouveaux travaux sont alors entrepris pour relier la fontaine du Pollet à la canalisation du quai Ouest qui alimente la fontaine des chantiers.
La vie est difficile pour les Portais du Pollet entassés dans des logements petits et dépourvus d’hygiène. Vers 1920, une seule pièce pour toute la famille sans eau, ni lumière, ni toilettes ; les seaux hygiéniques doivent être vidés à la mer, près de la tour Vauban. Même manque d’hygiène dans les rues où les entrailles de poisson et les ordures s’entassent pour le bonheur des rats.(3)
Dans les cahiers où Charles Garnier, notable de Bayeux, consigne chaque jour ses faits, gestes et impressions lorsqu’il est dans sa maison de Port, il note combien une odeur pestilentielle se dégage dans les rues du Pollet, plus qu’ailleurs dans le village.
Dans les cahiers où Charles Garnier, notable de Bayeux, consigne chaque jour ses faits, gestes et impressions lorsqu’il est dans sa maison de Port, il note combien une odeur pestilentielle se dégage dans les rues du Pollet, plus qu’ailleurs dans le village.
Rien n’a changé en 1939 lorsque Georges Simenon écrit « La Marie du port » dans sa chambre de l’hôtel de l’Europe, face au pont tournant. La description qu’il fait du Pollet où habite la famille de Marie, les Le Flem, est très réaliste.
« Les carrioles aux hautes roues et à la capote brune étaient là, près du pont tournant, car la rue où habitaient les Le Flem était trop étroite et trop en pente.
C’était tout de suite après le pont. Il y avait une dizaine de maisons, les unes au-dessus des autres plutôt que les unes à côté des autres. Les pavés étaient inégaux, un ruisseau d’eau de lessive y courait toujours, des pantalons et des vareuses de marins séchaient d’un bout de l’année à l’autre sur des fils de fer. Au-dessus de la rue, on arrivait hors de la ville, dans les prés à perte de vue, avec la mer à pic à ses pieds. »
Des métiers variés.
La population du quartier est dominée par les marins dont le nombre augmente de 1851 à 1911 (période couverte par les recensements de population dont l’étude est autorisée) passant d’une vingtaine d’hommes à une quarantaine. Leurs épouses s’adonnent aux métiers du textile : dentellières, fileuses, couturières ou brodeuses. Certaines sont aussi blanchisseuses ou poissonnières.
Les chantiers de construction navale s’installent au bas du Pollet, qui prend vers 1910 le nom de rue des chantiers. Charlemagne Bacon est le premier charpentier de navires recensé en 1851au même titre que les Delamare, Pierre Denis et son fils Jean Louis, auxquels s’ajoute Ferdinand Durand dit Havard en 1866. Ils sont remplacés ensuite par Charles Paris en 1906.
Cordiers et voiliers s’installent aussi au Pollet.
La plus importante corderie est celle des Lefournier dont le patron est Pierre Edouard Philippe Lefournier en 1851. L’entreprise est située sur le chemin qui mène du Pollet à Commes. Lefournier emploie entre autres son fils Pierre Michel né en 1846 dit Michel Lefournier à partir de 1891. A cette époque Michel Lefournier tout en dirigeant la corderie devient armateur.(4)
Les voiliers résidant au Pollet sont peu nombreux : un ou deux selon les années. Le fils de Michel Lefournier, Edouard est qualifié de cordier et de voilier en 1911.
L’hôtel de l’Etoile du Nord bat son plein au moment de l’engouement pour les bains de mer, avant la création des bassins. On rencontre donc au Pollet selon les années une cuisinière ou un maître d’hôtel. Lorsque le bâtiment est transformé et confié aux Sœurs de la Charité de St Vincent de Paul par la comtesse Foy en 1890,on y croise cinq sœurs de St Vincent de Paul, deux ouvrières lingères et une institutrice.
En 1901 Alfred Marie est domestique à l’hôtel Marie, bâtiment de petite taille, situé à côté de l’Etoile du nord, à l’enseigne de Albert Marie au début du XXème siècle. C’est à la place de ce commerce qu’est construite en 1924 la somptueuse villa des Prigent dont le chef de famille, Arthur Prigent ; est alors marchand de meubles à Paris, faubourg St Antoine.
Quelques débitantes de boissons et un buraliste complètent l’ensemble de cette population coincée entre le chenal et la falaise.
Mais le tableau ne serait pas complet sans les douaniers, de deux à quatre selon les années, dont la guérite rouge apparaît dans les tableaux de Georges Seurat.
Le projet Reingard et le bâtiment mystère.
Quartier animé aux maisons serrées les unes contre les autres, quartier à part, de l’autre côté de la passerelle, de l’autre côté des bassins, le Pollet aurait pu devenir une île !
En avril 1894, Louis Aubourg, dans sa "Notice sur Port en Bessin", parle du projet Reingard dans les termes suivants : "Cette vallée (la vallée de Port) est en partie placée en contrebas du niveau de la mer, et les falaises la bordant présentent au Nord une immense coupure nommée la Goulette.
Ces deux particularités ont, à différentes époques, attiré l'attention des ingénieurs qui ont démontré la possibilité d'y établir un grand port de refuge pour les flottes de guerre, la France en étant dépourvue de Cherbourg au détroit du Pas de Calais. Plusieurs projets ont déjà échoué. Enfin une compagnie va tenter d'aboutir ; elle est constituée au capital de plusieurs millions.
Son but est de creuser dans cette vallée de grands bassins, d'y construire d'importants docks et de faire les travaux nécessaires pour assurer l'entrée et la sécurité de ce nouvel établissement qui serait relié aux Chemins de fer de l'Ouest par un embranchement allant de Vire à Port."
En avril 1894, Louis Aubourg, dans sa "Notice sur Port en Bessin", parle du projet Reingard dans les termes suivants : "Cette vallée (la vallée de Port) est en partie placée en contrebas du niveau de la mer, et les falaises la bordant présentent au Nord une immense coupure nommée la Goulette.
Ces deux particularités ont, à différentes époques, attiré l'attention des ingénieurs qui ont démontré la possibilité d'y établir un grand port de refuge pour les flottes de guerre, la France en étant dépourvue de Cherbourg au détroit du Pas de Calais. Plusieurs projets ont déjà échoué. Enfin une compagnie va tenter d'aboutir ; elle est constituée au capital de plusieurs millions.
Son but est de creuser dans cette vallée de grands bassins, d'y construire d'importants docks et de faire les travaux nécessaires pour assurer l'entrée et la sécurité de ce nouvel établissement qui serait relié aux Chemins de fer de l'Ouest par un embranchement allant de Vire à Port."
Au départ Paul Nicolas Reingard ingénieur civil résidant à Levallois Perret est chargé par une société particulière d’étudier le projet d’une ligne de chemin de fer de Port en Bessin à Vire. Frappé par la situation exceptionnelle du lieu avec ses deux accès à la mer( le port et la goulette de Vary) il dépose le 23 août1894 un avant-projet au Ministère des Travaux Publics et le23 août1895 au Ministère de la Marine.
L’année suivante, à la fin du mois de juillet 1896, le président de la République Félix Faure, en promenade sur la Manche, fait une visite impromptue à Port. Peut-être a-t-il voulu se rendre compte de l’intérêt particulier que pouvait présenter le site.
Pour s'assurer la possession des terrains indispensables à l'exécution du projet PN. Reingard propose à la commune la création d’un syndicat de propriétaires qui accepteraient le moment venu de céder les terrains nécessaires à la réalisation du projet soit 900 ha.
Le journal « L’Indicateur de Bayeux » dans son numéro du 29 janvier 1897, en explique le processus :
« Depuis plusieurs semaines, M. Reingard est réinstallé à Port (5) et, ce matin, on a apposé, sur les murs de notre ville, des affiches engageant à la formation d'un Syndicat des Propriétaires de Port-en-Bessin, Commes et Huppain , en vue de faciliter à l'Etat son concours aux travaux, d'empêcher l'immixtion de spéculateurs étrangers, de faire bénéficier les syndicataires de la plus-value des terrains et des avantages de l'exécution des travaux, enfin de leur assurer le paiement, en espèces sonnantes, des terrains par eux cédés, au fur et à mesure, de leur acquisition.
Des 900 hectares de la vallée de Port, 300 doivent être employés aux travaux des bassins, canaux, chemins de fer, etc. ; ils seront payés deux mille francs l’hectare, soit six cent mille francs ; les 600 hectares restants seront vendus à l'industrie privée, moyennant quinze millions. Les travaux de construction du port et du chemin de fer, de viabilité, d'éclairage, d’égouts, etc. seront exécutés par MM. Reingard et consorts, sans aucun débours des syndicataires ni prélèvement sur leur part des bénéfices. Le contrat d'adhésion est entièrement gratuit. Les hypothèques seront purgées par MM. Reingard et consorts, moyennant prélèvement d'un cinquième sur les bénéfices lors des partages successifs. Tel est le résumé succinct des affiches ; nous tiendrons nos lecteurs au courant des suites de cette gigantesque entreprise. »
Cependant, dès 1894 les critiques contre le projet se sont multipliées. L’amiral Vallon prévoit l’hostilité de Cherbourg et craint les difficultés financières : « un travail de ce genre ne s’accomplit qu’à coup de millions »(Journal La Presse, 13/11/1894). De même, dans le quotidien Le Temps, trois jours plus tard, le journaliste traite de « projet en l’air » l’idée« d’un ingénieur pour remplacer Cherbourg par Port en Bessin estimant qu’il coûterait moins cher de rénover Cherbourg que de créer un port militaire à Port en Bessin ».
Paul-Nicolas Reingard est un homme pressé. Comme il a prévu dans le cadre de la création du port militaire, la construction d’ouvrages de défense sur la falaise bordant la vallée de Commes, il commence à acheter ce qui pourrait nuire à son projet. Et en premier lieu le petit immeuble que le Bureau de Bienfaisance de Port possède sur les terres de l’Hospice de Bayeux tout en haut du Castel. (Les recherches actuelles n’ont pas encore permis de comprendre l’intérêt d’avoir construit un tel bâtiment à un tel endroit.)
Dans une lettre datée du 14 août 1897 à Levallois Perret, Reingard propose d’acheter le bien cinq cents francs.
Dès le 22 du même mois, les membres du Bureau de Bienfaisance réunis, ayant examiné la proposition, sont partisans de l’accepter vu que « l’immeuble est d’un accès difficile et d’une exploitation onéreuse… (et est) resté inculte pendant plusieurs années faute de locataire, et (que) le fermier actuel n’a consenti à le louer que moyennant douze francs par an. ». Le même jour ils demandent au conseil municipal l’autorisation d’accéder à l’offre de Reingard, ce qu’acceptent les autorités de la commune, « considérant que l’immeuble n’a pu, pendant plusieurs années trouver de locataire par suite de la difficulté de son accès » ; considérant aussi que « vu sa situation il n’est susceptible d’aucune plus-value. »
L’immeuble se détache sur le ciel en haut de la falaise, à droite du chemin. La photo est prise vers 1899.
Détail de la photo (Dominique Poisson.)
Ce bâtiment mystérieux qui a dû être construit après 1885, si l’on se fit aux photos prises par Charles Garnier, n’a jamais semblé achevé ; il est détruit avant 1902, date à laquelle il n’apparaît plus sur les photos.
Un syndicat est effectivement formé pour réunir les propriétaires de Port, Commes et Huppain, mais la lenteur des décisions des pouvoirs publics, l’influence négative des députés de Cherbourg et du Havre, le manque de confiance des élus communaux et des syndiqués face au défaut de pièces sérieuses pour étayer les dossiers de financement présentés par Reingard, conduisent peu à peu à l’abandon du projet : Port ne sera pas le plus grand port de France avec deux accès à la mer ; Le Pollet ne deviendra pas une île.
Le Pollet détruit par les Allemands.
Un contingent Allemand s’installe dans le village dès le 20 juin 1940. Ils réquisitionnent plusieurs bâtiments dont, au Pollet, le préventorium que la comtesse Pillet Will a donné en 1930 à l’œuvre des Orphelins de la Préfecture de Police de Paris pour y installer un préventorium marin.
Peu à peu, les troupes d’occupation font murer toutes les rues de Port menant à la mer pour empêcher tout débarquement et le quartier du Pollet, largement ouvert sur la Manche et le port, est évacué, avant d’être totalement démoli à coup de pioche. Tout comme la halle aux poissons rasée au même moment, il semble que les constructions sur le Castel aient été un obstacle à la vue depuis le point fortifié par les Allemands sur le haut de la falaise de Huppain : le WN57 (6). Ce point,choisi pour la vue très dégagée sur le large et jusqu’au port d’Arromanches à l’est, avait vocation à assurer la surveillance de l’entrée du port et commander l’artillerie déployée à proximité.
La population du Pollet est souvent relogée chez des parents dans le village ou dans les environs.
Aujourd’hui, les constructions du quartier reconstruit ont perdu leur caractère anarchique pour s’aligner le long des rues du Castel et du Pollet et l’Hôtel de l’Etoile du Nord a laissé place au Syndicat d’Initiative et à la salle des Fêtes. Le Pollet, détruit par la folie des hommes, peut jouir à nouveau d’une vue imprenable sur le port et le large.
Any Allard.
Sources :
Archives départementales du Calvados : recensements de population de 1851 à 1911 et Registre de délibérations du Bureau de Bienfaisance de Port en Bessin (656 EDT 41/3).
Archives municipales : registre de délibération du conseil municipal.
Etude de la presse sur le site Retronews.
Louis Aubourg : Notice sur Port en Bessin 1894.
[1] Le Val de Commes a été écrit par Gabriel Joret Desclosières sous le pseudonyme de René Trungy.
[2]L’histoire de l’Etoile du Nord est développée dans le livre « Port-en-Bessin, Insolite » à paraître aux Editions Charles Corlet.
[3]Mémoires d’un habitant du Pollet au début du XXème siècle.
[4]Michel Lefourniers’est dévoué à la commune de 1892 à 1926 en tant que conseiller municipal, puis maire de 1913 à 1922. Malgré la perte de quatre de ses grandes barques coulées par les Allemands, le 25 mars 1917, il sait, pendant tout le premier conflit mondial de 1914-1918, assurer au mieux sa fonction au service du port et des familles.
[5]En 1901 il vit au 15 rue de Bayeux avec sa femme Anna Chagot, une servante cuisinière de 20 ans Blanche Turgis, et un employé dessinateur de 47 ans Félicien Debons, accompagné de sa femme et de son fils de 14 ans.
[6]Les Allemands ont installé trois points d’appui dans le secteur de Port-en-Bessin, codés de Wn 56 à Wn 58. (Wn pourWiderstandsnesters, ou nids de résistance)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire