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dimanche 9 mai 2010

1723 : la foudre s'abat sur l'église de Lanluet.

Les quelques maisons composant le hameau de Lanluet à la veille de la Révolution, sont situées à l’emplacement du club-house du golf de Feucherolles.
De ce hameau, il reste uniquement le lavoir qu’on peut apercevoir au départ du trou n° 10, lavoir construit en 1828 et un puits, sur la route qui mène au golf.
L’église de Lanluet n’est pas située dans le hameau. Elle est complètement isolée en plein marécage, à un quart de lieue du village, dans un endroit désert propice aux voleurs. Cette situation surprenante que l'on retrouve sur le plan du village en 1750 est déplorée par les paroissiens de Lanluet Ste Gemme lorsqu’ils réclament l’abandon de leur “vieille église St Martin” pour être rattachés à la “fort belle église” de Feucherolles. De plus l'église est dans un triste état et il est décidé de la démolir lorsque la paroisse de Lanluet Ste Gemme est réunie à Feucherolles en septembre 1818.
Il est vrai qu’elle a été la cible de la foudre en 1723 comme l’explique le curé qui a noté l’incident en marge des actes de baptêmes,mariages et décès.
Voici son récit en en respectant l’orthographe :
“Nota Lundi le vingt et un juin 1723 entre dix et onze heures du matin un orage des plus effroyables vint fondre sur l’église de cette paroisse le tonnerre tomba sur le clocher le foudroyant en plusieurs endroits en arracha plusieurs grosses pierres rafla une grosse poutre du befroy par le haut, de là étant entré dans l’église par de petites crevasses qui sont au-dessus du grand crucifix qui est entre le choeur et la nef, il en éclata la croix du haut en bas, ensuite il déchira le voile de Ste Barbe et les nappes de l’autel de la Vierge, renversa les pots et les chandeliers dudit autel et laissa une teinture violette sur un des gradins et vint éteindre un des cierges qui étaient alumés au maître autel où je disais la messe et laissa une fumée sulphureuse et si épaisse autour de moi qui me déroba à la vue de mes paroissiens qui étaient en grand nombre dans l’église, j’en étais au second mémento quand tout ce fracas arriva, personne ne fut blessé par une protection visible du ciel.”

(Registre d’état-civil, Mairie de Feucherolles)

Le cimetière est adjacent à l’église comme l’atteste le récit d’incidents survenus en 1709 reportés dans les registres du conseil de fabrique. En effet pour attraper les fruits de deux poiriers situés dans le cimetière “le public éboule les murs et casse les fenêtres et les tuiles de l’église à coups de pierres”.
Le 27 septembre 1814 le terrain où se situaient l’église et le cimetière est vendu en deux lots égaux de 2 ares 47 centiares chaque à Charles Joseph Durand, propriétaire à Versailles.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ce récit captivant sur la foudre tombant sur l’église de Lanluet en 1723 illustre une tragédie à la fois humaine et symbolique, rappelant d’autres événements similaires comme celui de Villars-le-Terroir en 1783 ou même l’incendie partiel de la cathédrale d’Albi en 1110 , soulignant la vulnérabilité des édifices religieux face aux éléments. La description détaillée par le curé, où la foudre endommage la croix, le voile de sainte Barbe et les chandeliers, témoigne non seulement de l’impact matériel, mais aussi de la charge symbolique de ces drames, interprétés comme des signes divins à l’époque. L’évocation des plaques du cimetière adjacent à l’église, mentionné dans les registres du conseil de fabrique en 1709, ajoute une dimension historique précieuse, car ces vestiges auraient pu être dispersés lors de la vente du terrain en 1814, effaçant ainsi toute trace des défunts. Les tensions autour de la réutilisation des pierres tombales ou leur réemploi dans d’autres constructions, courantes lors des désaffectations d’églises, auraient pu être un angle d’approfondissement, bien que cela dépasse le cadre local. Enfin, la survivance physique du lavoir de 1828 et du puits près du golf de Feucherolles contraste avec la disparition totale de l’église, illustrant la fragilité du patrimoine rural face à l’urbanisation. Ce texte sert ainsi de mémoire vivante pour un lieu désormais effacé, invitant à préserver les traces encore visibles de notre histoire. Merci pour cette plongée dans une page méconnue du passé local !

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